28 mars 2025
En avril 2023, les députés de l’Assemblée nationale du Québec ont adopté unanimement une motion qui engage le gouvernement à déployer, d’ici la fin de son mandat en 2026, le Programme québécois de dépistage du cancer colorectal (PQDCCR)1. Quelques jours plus tard, le ministre avait lui-même affirmé qu’une annonce aurait lieu rapidement2.
Deux ans plus tard, force est de constater qu’aucun progrès significatif n’a été fait vers le déploiement de ce programme, qui permettrait d’inviter les 50-74 ans à se faire dépister tous les deux ans. Similaire au Programme québécois de dépistage du cancer du sein, ce programme aurait comme objectif de favoriser la détection précoce du cancer colorectal par l’envoi d’une lettre d’invitation. Cette lettre ferait office d’ordonnance pour se procurer gratuitement une trousse de prélèvement afin de réaliser le test de dépistage du cancer colorectal. Certes, depuis février 2024, il est possible pour les 50-74 ans de prendre rendez-vous sur Clic Santé, mais la responsabilité de s’informer repose sur les épaules des citoyens.
Avec l’augmentation et le vieillissement de la population, il faut s’attendre à davantage de cas de cancer. D’ailleurs, le Québec est l’une des juridictions ayant la population la plus vieillissante au monde3. Au Québec, on estime que 7 300 personnes ont reçu un diagnostic de cancer colorectal et que 2 600 en sont décédés, en 2024. Ce cancer est le deuxième plus mortel au pays. Qualifié de cancer silencieux, les symptômes n’apparaissent presque pas avant d’être en stade plus avancé, rendant les traitements moins efficaces. Encore aujourd’hui, près de la moitié des cancers colorectaux sont diagnostiqués en stade avancé. Sachant que le taux de survie est de plus de 90 % à un stade précoce contre 13 % à un stade avancé, améliorer l’accès et augmenter la participation au dépistage du cancer colorectal semble une évidence et sauverait véritablement des vies.
Le Québec demeure la seule province au Canada sans programme de dépistage « organisé » invitant les personnes à risque moyen à se faire dépister4.
Une détection précoce implique également des traitements moins invasifs et augmente les chances de guérison, tout en réduisant la pression sur le réseau de la santé. Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a d’ailleurs annoncé, le 1er novembre dernier, qu’il comptait mettre sur pied une politique gouvernementale de prévention qui comprend le dépistage du cancer. Ce programme aiderait le ministre et l’agence Santé Québec à atteindre ses objectifs.
Ainsi, à la Société canadienne du cancer, à la Fondation québécoise du cancer et à Cancer colorectal Canada, nous sommes convaincus que cette responsabilité doit être assumée par le gouvernement. C’est pourquoi nous demandons au gouvernement de tenir son engagement – pris devant l’Assemblée nationale du Québec – de déployer sans plus tarder le PQDCCR tout en augmentant les ressources disponibles, afin de permettre au réseau de la santé de répondre aux besoins actuels et futurs de la population; tout en réduisant la mortalité due à cette maladie pour tous les Québécoises et les Québécois.
Marco Décelles – Directeur général de la Fondation québécoise du cancer
Barry D. Stein – Directeur général de Cancer colorectal Canada
David Raynaud – Gestionnaire principal en défense de l’intérêt public de la Société canadienne du cancer
- Les élus exigent le déploiement d’un programme de dépistage du cancer colorectal | L’actualité
- Vers un programme de dépistage systématique du cancer colorectal au Québec | Le Devoir
- Le vieillissement au Québec | Institut national de santé publique du Québec
- Dépistage du cancer colorectal au Canada, 2023-2024
