J’en ai croisé, des gens bouleversés, en colère ou en déni face au cancer. J’ai aussi vu énormément d’entraide et de solidarité, et j’ai recueilli les remerciements d’une quantité innombrable de personnes qui ont trouvé, à la Fondation, du réconfort, des réponses, une oreille attentive, et un peu de paix ou de soulagement – des remerciements qui vous reviennent aussi, puisque vous soutenez avec générosité les services de la Fondation quand vous le pouvez.
Ce sont vingt années qui sont passées en coup de vent et, si j’y suis encore, c’est bien parce qu’on y est dans l’action et l’évolution, on travaille avec le souci constant de répondre aux besoins variés de toujours plus de personnes. Et c’est aussi parce que mon histoire personnelle me permet de comprendre à quel point les services de la Fondation sont essentiels.
J’avais 20 ans quand ma mère a reçu un diagnostic de cancer des ovaires. Elle a été en traitement pendant cinq ans et, aujourd’hui, à 82 ans, elle est en pleine forme. Mais, à l’époque, en 1987, les services qu’on offre aujourd’hui aux personnes atteintes étaient quasi inexistants. Et je ne vous parle pas de soutien aux proches… On a bien avancé, depuis, à ce chapitre.
C’est donc investie d’une mission à mener pour le mieux-être des personnes touchées par un cancer que je me suis jointe à ce mouvement qui rejoint de plus en plus de monde.
Je suis fière d’en faire partie et j’espère que vous aussi. Dans les dernières années, on a fait beaucoup pour appuyer les gens dès le diagnostic, avant, et pendant le traitement. Je sais qu’on peut faire encore plus dans tout ce qui vient « après », quand l’entourage se dit que tout est fini, mais que les suivis réguliers nourrissent la peur qui s’est installée.
Comme tout le monde, j’ai eu des proches, dont mon filleul, qui ont dû affronter un cancer. Mais en 2021, ç’a été mon tour. On m’a diagnostiqué un cancer du sein.
Pendant les premiers mois d’investigation, je n’en ai parlé à personne. J’avais le sentiment de garder le contrôle sur ma vie. Cette réaction, contraire aux conseils qu’on donne à notre clientèle, m’a surprise. Cordonnier mal chaussé, dit-on? C’est plutôt vrai.
Mais, lorsque j’ai reçu le diagnostic, que j’ai vécu le choc et les émotions qui s’ensuivent, que je me suis sentie complètement déstabilisée puis en colère, j’ai vite compris que le soutien de mes proches serait précieux. Heureusement, pour retrouver mon équilibre, lâcher prise et atténuer le stress, je savais où trouver les outils. Les documentalistes et les infirmières des Services Info-cancer m’ont été d’un grand secours. Avec elles, j’ai beaucoup lu et parlé. J’ai aussi fait des séances de kinésiologie, offertes comme thérapie complémentaire par la Fondation.
Je vais vous le dire, on a beau côtoyer et aider au quotidien des personnes ébranlées par le cancer, ce n’est pas plus facile quand c’est notre tour.
Parce que je connaissais déjà de manière professionnelle plusieurs personnes que je croisais sur mon parcours médical, j’ai ressenti le besoin de sortir un peu de mon cercle. Au fond, c’est un peu ce que font nos résidents : lorsqu’ils arrivent à l’Hôtellerie, ils ne connaissent pas ceux et celles qu’ils côtoient au quotidien. Ils n’ont plus à se montrer invulnérables ou à protéger leurs proches de leurs propres peurs… Le contact avec des personnes qui vivent la même épreuve qu’eux facilite le passage à travers les traitements.
Je suis donc sortie de mon cercle et je me suis tournée vers l’acupuncture. Cela m’a fait tellement de bien, entre autres dans la gestion d’effets secondaires de l’hormonothérapie, que j’ai ensuite invité cette professionnelle formée en cancérologie à offrir ses services à la Fondation. Une ressource formidable qui vient enrichir, depuis un an, l’offre de thérapies complémentaires aux résidents de l’Hôtellerie de Trois-Rivières.
D’ailleurs, la Fondation travaille à développer davantage de partenariats de ce genre afin d’étendre ses points de service au-delà des Centres régionaux et Hôtelleries, pour que les personnes atteintes puissent en bénéficier plus près de chez elles et pas seulement près de leur centre de traitement.
Je vous raconte mon histoire pour vous rappeler qu’on n’appuie jamais trop un organisme qui aide concrètement, tous les jours depuis 45 ans, des centaines de personnes à faire face à la maladie la plus répandue et la plus meurtrière au pays.
Luce Girard
Directrice du Centre régional et Hôtellerie de la Mauricie