Fédération québecoise du cancer
Hormonothérapie pour le cancer du sein

Hormonothérapie pour le cancer du sein

Table des matières

Hormonothérapie pour le cancer du sein

Le développement du cancer du sein est souvent influencé par certaines hormones présentes dans le corps comme l’œstrogène et la progestérone.

L’œstrogène et la progestérone sont les hormones responsables entre autres des attributs féminins à la puberté et du cycle menstruel. Elles sont principalement produites par les ovaires. Pour produire de l’œstrogène, les ovaires doivent être stimulés par d’autres hormones : la FSH et la LH. La FSH et la LH sont produites par l’hypophyse sous l’influence de l’hypothalamus. (L’hypophyse et l’hypothalamus sont deux petites glandes situées dans le cerveau).

Avant de proposer une hormonothérapie pour le cancer du sein, l’oncologue s’assurera que ce traitement sera efficace. Pour le savoir, les cellules cancéreuses prélevées lors de la biopsie ou enlevées pendant la chirurgie seront minutieusement analysées. Cette analyse permettra de vérifier, entre autres, si des protéines appelées récepteurs hormonaux sont présentes. Les cellules cancéreuses du sein peuvent avoir des récepteurs pour l’œstrogène (ER+), la progestérone (PR+) ou les deux. Lorsqu’une cellule cancéreuse possède ce type de récepteur, elle peut croître en présence de l’hormone. L’analyse permet de préciser la présence ou non de récepteurs hormonaux de chaque type (œstrogène et progestérone) ainsi que leur quantité au sein de la cellule cancéreuse.

L’hormonothérapie sera proposée comme traitement seulement si les récepteurs hormonaux du cancer du sein sont positifs. Le traitement consiste en la prise d’un médicament qui bloque la production hormonale, ou qui bloque son action. Il se prend le plus souvent par voie orale (par la bouche).

Plus des deux tiers de tous les cancers du sein contiennent des récepteurs d’œstrogènes, de progestérone, ou les deux. Ils sont dits hormonodépendants.

Objectifs de l’hormonothérapie

  • Diminuer le risque qu’un cancer du sein hormonodépendant non infiltrant (in situ) évolue vers un cancer du sein infiltrant;
  • Diminuer le risque de récidive d’un cancer du sein hormonodépendant infiltrant;
  • Diminuer une grosse tumeur du sein hormono dépendante avant la chirurgie;
  • Traiter un cancer du sein hormonodépendant localement avancé ou qui a récidivé;
  • Soulager la douleur ou contrôler les symptômes d’un cancer du sein hormonodépendant avancé, ou métastatique.

Critères influençant le choix d’une hormonothérapie et la durée de traitement :

    • Statut ménopause (femme ménopausée ou non);
    • Stade et grade du cancer;
    • Risque de récidive potentiel.         

    Une hormonothérapie peut être parfois associée à un inhibiteur de cycle cellulaire (un médicament qui empêche les cellules de se multiplier) dans le traitement des cancers du sein hormonodépendants avancés ou métastatiques.

    Le type de médicament, la dose prescrite, son association à un second médicament et la durée du traitement sont adaptés à chaque situation.

Avantages de l’hormonothérapie

  • Traitement reconnu efficace pour diminuer le risque de récidive du cancer du sein;
  • Agit sur le cancer du sein tant au niveau local qu’au niveau des métastases;
  • Peut s’administrer avec d’autres traitements afin de les rendre plus efficaces (cancers avancés ou récidivants);
  • Permet de soulager certains des symptômes du cancer du sein avancé.

Désavantages de l’hormonothérapie

  • Peut causer des effets secondaires affectant la qualité de vie;
  • Certains effets secondaires sont permanents.

Types de traitements

La majorité des traitements hormonaux consistent en la prise d’un médicament. Les deux types de médicaments les plus souvent administrés pour traiter le cancer du sein sont les anti-œstrogènes et les inhibiteurs de l’aromatase.

Les anti-œstrogènes

Ce sont des médicaments qui se fixent directement aux récepteurs des œstrogènes sur les cellules cancéreuses. Ils bloquent ces récepteurs dans le but d’empêcher les cellules cancéreuses d’utiliser l’œstrogène.

  • Tamoxifène

Le tamoxifène (Nolvadex, Tamofen) est le médicament anti-œstrogénique le plus souvent utilisé. Il est le médicament de premier choix pour les femmes non ménopausées. Il est également prescrit fréquemment aux femmes ménopausées.

Le tamoxifène augmente légèrement le risque de cancer de l’endomètre, de thrombose veineuse profonde (TVP) et d’accident vasculaire cérébral (AVC). C’est pourquoi les oncologues doivent évaluer les risques et les bienfaits de ce médicament avant de le proposer aux femmes qui ont des antécédents personnels ou d’importants antécédents familiaux de ces troubles de santé.

  • Fulvestrant

Le fulvestrant (Faslodex) est injecté par voie intramusculaire et est utilisé pour traiter les femmes ménopausées dont le cancer du sein s’est développé après un traitement au tamoxifène. Il est aussi prescrit aux femmes ménopausées atteintes d’un cancer du sein localement avancé ou métastatique qui n’a jamais été traité par hormonothérapie.

Les inhibiteurs de l’aromatase

L’aromatase est une enzyme qui permet de fabriquer de l’œstrogène par d’autres organes que les ovaires, comme le tissu graisseux et les glandes surrénales. Les inhibiteurs de l’aromatase  sont des médicaments qui stoppent la production d’aromatase ou qui en bloquent l’action. Cela a pour conséquence de diminuer la présence d’œstrogène dans le corps.

Les inhibiteurs de l’aromatase sont prescrits uniquement aux femmes qui sont ménopausées. Ils ne sont pas efficaces chez les femmes non ménopausées car ils n’agissent pas sur les ovaires, où la plus grande partie de l’œstrogène est fabriquée avant la ménopause.

Ces médicaments sont administrés par voie orale (par la bouche).

Ceux qui sont prescrits le plus souvent pour traiter le cancer du sein hormonodépendant sont les suivants :

  • Létrozole (Femara);
  • Anastrozole (Arimidex);
  • Exémestane (Aromasin).

Cette classe de médicaments peut provoquer ou augmenter la perte de densité osseuse (ostéoporose). Par conséquent, les femmes qui reçoivent un inhibiteur de l’aromatase devraient aussi recevoir des suppléments de vitamine D et de calcium. La densité osseuse ainsi que le risque de fracture doivent être surveillés périodiquement. Ainsi, généralement les femmes doivent passer un examen qui mesure la densité des os (une ostéodensitométrie) avant de débuter le traitement. Par la suite, d’autres examens du même type doivent être faits avec des suivis réguliers, particulièrement pour les femmes qui ont des antécédents médicaux personnels ou familiaux qui les rendent à risque de développer de l’ostéoporose.

Analogues de l’hormone de libération de la lutéinostimuline (LHRH) 

Les agonistes (ou analogues) de la LH-RH sont des médicaments qui agissent pour stopper la fabrication des œstrogènes par les ovaires. Ils sont prescrits uniquement aux femmes non ménopausées. Cela cause une ménopause temporaire. Ils sont injectés par voie sous-cutanée pour une durée de 3 à 5 ans :

  • Goséréline (Zoladex);
  • Leuprolide (Lupron, Lupron Depot, Eligard);
  • Buséréline (Suprefact).

Ce médicament peut parfois être utilisé en association avec le tamoxifène ou un inhibiteur de l’aromatase chez les femmes encore non ménopausées après une chimiothérapie, entre autres chez les jeunes femmes âgées de moins 35 ans ou chez celles qui sont atteintes d’un cancer avec une atteinte aux ganglions.

Traitements non médicamenteux

Une méthode d’hormonothérapie non médicamenteuse peut être utilisée chez des femmes non ménopausées. Cela consiste à intervenir directement au niveau des ovaires pour supprimer la production d’œstrogènes :

  • Enlever les ovaires par chirurgie (ovariectomie) est privilégiée pour les femmes plus âgées qui sont en préménopause et qui ne veulent plus d’enfants;
  • L’utilisation de la radiothérapie dans ce but est rare mais pourrait être proposée aux femmes qui ne peuvent pas être opérées.

Ces traitements causent une ménopause permanente et irréversible.

Traitement en fonction du statut de la ménopause 

  • Hormonothérapie pour la femme non ménopausée

Le médicament de choix pour la femme atteinte de cancer du sein hormonodépendant est le tamoxifène prescrit pendant une période de 5 à 10 ans.

Après 5 ans, le médicament peut être parfois cessé mais en fonction du type de cancer et de son risque de récidive, le traitement peut se prolonger encore 5 autres années.

Si le traitement doit se prolonger, le tamoxifène sera prescrit à nouveau à la femme qui n’est pas ménopausée. Si elle est devenue ménopausée dans l’intervalle, l’oncologue pourra continuer le tamoxifène ou le changer pour un inhibiteur de l’aromatase.

  • Hormonothérapie pour la femme ménopausée

​L’hormonothérapie prescrite aux femmes ménopausées est soit le tamoxifène soit un inhibiteur de l’aromatase pour une période de 5 à 10 ans.

Différentes approches peuvent être utilisées par les oncologues afin de proposer la médication la mieux adaptée à la condition de la personne. Parfois, une seule médication est utilisée pendant 10 ans et parfois, il y a des alternances entre les médicaments.

IMPORTANT!

​Les cancers de l’endomètre et de l’ovaire avancés peuvent aussi être traités par les différentes hormonothérapies décrites ci-haut, en thérapie unique ou en association avec un autre traitement.

Sources :

Hormonothérapie pour le cancer du sein

Hormonothérapie

Hormonothérapie

Algorithmes d’investigation, de traitement et de suivi du cancer du sein

Les inhibiteurs du cycle cellulaire

VERZENIOMC (abémaciclib) sur le marché canadien pour le traitement du cancer du sein métastatique

(Vidéo) Chuis pas docteur : c’est quoi l’hormonothérapie?

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