Le cancer et moi, on a une longue histoire.
Je n’avais que 19 ans en 2010, lorsque j’ai reçu mon premier diagnostic de cancer. Un sarcome d’Ewing avait envahi mon espace parapharyngé droit, autrement dit l’espace qui se trouve entre mon palais et mes cervicales. J’étais complètement déboussolée quand j’ai réalisé qu’il s’agissait d’un cancer. Heureusement, l’équipe médicale s’est montrée rassurante en m’expliquant qu’il s’agissait d’une pathologie qui se traitait très bien avec de la chimiothérapie et de la radiothérapie. Après un an et demi de traitement, la masse avait pratiquement disparu et après 5 ans de suivi, on m’annonçait que j’étais en rémission.
Après un rendez-vous chez l’ORL (oto-rhino-laryngologiste) en fin 2018, je reçois le diagnostic d’une tumeur au niveau des sinus : une récidive du sarcome d’Ewing. J’ai à nouveau obtenu de la chimiothérapie ainsi que de la protonthérapie, un traitement que je devais aller suivre aux États-Unis car il n’existait pas encore au Canada. Quelques mois plus tard, j’étais considérée comme guérie.
Le plus dur était à venir
En décembre 2021, j’ai soudainement ressenti une violente douleur dans la mâchoire alors que je regardais tranquillement la télé. La moitié de mon visage était paralysée. On me fait alors des examens pour finir par me dire que le cancer est revenu, une fois de plus. Ayant déjà reçu de grosses doses de radiothérapie, mon oncologue m’a annoncé que je ne pourrais pas bénéficier de ce type de traitement et que compte tenu de la localisation de la tumeur, — située sous mon cerveau — celle-ci est inopérable. La chimiothérapie à vie était donc ma seule option pour empêcher la tumeur de croître, tout en sachant que mon cancer est incurable.
À 31 ans, j’ai vraiment vécu cette annonce comme un choc. Contrairement à mes précédentes épreuves durant lesquelles j’ai su rester confiante et positive, cette fois c’était la douche froide. Je ne cesse de me poser des questions. Je ressens aussi le besoin d’échanger avec des personnes qui vivent une expérience similaire, en plus du soutien indéfectible de mon entourage.
L’art-thérapie pour les jeunes adultes face à un diagnostic
Auditrice du balado La carte cancer, j’ai finalement rencontré la co-animatrice Judith Lafaille, elle-même atteinte d’un cancer incurable. Elle m’a conseillé d’essayer l’art-thérapie pour les jeunes de 15 à 39 ans atteints par la maladie, offerte par le Programme à Félix de la Fondation québécoise du cancer.
Je me suis donc inscrite et quel bonheur! L’art-thérapie m’a permis d’exprimer mes émotions différemment, et même d’en découvrir d’autres dont je n’avais pas conscience. Lucie, l’art-thérapeute, nous aide énormément dans ce processus; elle sait poser les bonnes questions pour nous amener plus loin dans la compréhension profonde de nos émotions.
Au-delà de l’effet méditatif très agréable et apaisant du processus créatif, les séances d’art-thérapie pour les jeunes adultes m’ont permis de rencontrer et d’échanger avec des personnes de mon âge, qui vivent des situations et des enjeux très similaires aux miens face au cancer.
Grâce à cette activité, j’ai réalisé que plusieurs frustrations ou sentiments négatifs que je pouvais ressentir étaient tout à fait normaux : la plupart des autres participants les vivaient également. Cela m’a beaucoup aidé dans mon processus d’acceptation.
Mon groupe d’art thérapie est devenu comme un groupe de soutien mutuel. On peut s’y exprimer ouvertement et sans jugement, en s’y sentant compris. La complicité forgée avec les autres participants va maintenant bien au-delà de nos séances; nous planifions fréquemment des activités hors des séances d’art-thérapie. Des moments précieux qui nous permettent d’échanger davantage sur nos réalités respectives, de nous entraider et surtout, d’avoir du plaisir et de nous changer les idées!