Considérant toute l’ironie dans mon histoire avec le cancer du sein, au jeune âge de 35 ans, mon objectif est de sensibiliser, d’inspirer et d’encourager les autres à la prévention; mais aussi à défendre leurs intérêts pour un meilleur accès au dépistage et aux soins.
Je suis la fière maman de trois jeunes adultes de 16, 20 et 18 ans. Ma maternité m’a apporté des moments de vie extraordinaires. Après ces trois grossesses et l’allaitement, le volume de ma poitrine a drastiquement diminué. J’ai laissé le temps passé pour voir si je me retrouverais, mais non. Après mûre réflexion, j’ai décidé d’obtenir une augmentation mammaire à l’automne 2022.
Fais entendre ta voix
Avant mon intervention chirurgicale, j’ai vite pris un rendez-vous avec mon médecin de famille pour une consultation et pour lui demander une ordonnance de mammographie, par précaution. Il a refusé. « Surtout au jeune âge de 35 ans », a-t-il mentionné.
Je me suis sentie ignorée. Malheureusement, notre Programme québécois de dépistage du cancer du sein (PQDCS) s’adresse spécifiquement aux femmes âgées de 50 à 74 ans : une politique qui ne favorise pas la détection précoce pour les plus jeunes dans la belle province. Pourtant le cancer du sein est le type de cancer le plus diagnostiqué chez les Québécoises de 30 à 49 ans.
Demande un 2e avis médical pour un choix éclairé
Après ce refus, j’ai quand même été de l’avant avec l’augmentation mammaire le mois suivant. Pendant ma convalescence, j’ai senti une masse en observant mes seins. Étant à l’écoute de mon corps, j’ai pris ma santé en main en consultant mon chirurgien plastique pour un second avis, lors d’un rendez-vous post-chirurgie. Il m’a effectivement fait une prescription pour un dépistage, après la découverte d’un fibroadénome (tumeur bénigne) à mon sein. Deux mammographies et une échographie plus tard, mon anxiété était au plafond.
Beaucoup de femmes, âgées de moins de 50 ans au moment de la découverte de la masse, sont obligées d’affronter plusieurs obstacles avant d’avoir accès au dépistage adéquat du cancer du sein.
Après plusieurs semaines d’attente pour les résultats (et le délai de 6 mois depuis ma première demande pour une mammographie), j’ai vite compris que ce n’était pas mon implant ni une tumeur bénigne. En mars 2023, le diagnostic de cancer du sein tombe à mon jeune âge. Et son stade 3 m’a violemment frappée. Pourtant, j’étais une jeune femme de 35 ans, sans symptôme avant la découverte de la masse dans mon sein et sans aucun antécédent familial de cancer. Et si j’avais vraiment été écoutée? J’étais et je suis toujours en colère contre mon médecin de famille, ses biais, mon expérience stigmatisante et les politiques de dépistage du cancer. Mon conjoint l’est tout autant, car le stade et la grosseur de la tumeur ont un impact sur la survie; même avec les avancées en lien avec les traitements.
Transforme le négatif en positif
J’ai été agréablement surprise de la rapidité de la prise en charge par l’infirmière-pivot en oncologie (IPO) de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont. À l’Espace partenaires en cancérologie du centre hospitalier, ils m’ont notamment parlé d’art-thérapie sur place, offerte par la Fondation québécoise du cancer. Je me suis inscrite aux ateliers proposés par Lucie Sarrasin, art-thérapeute de la Fondation.
L’art m’a toujours interpellé, surtout pour l’aspect thérapeutique et social. Cela me permet d’être en contact avec un médium pour m’exprimer et avec des gens qui vivent la même situation. On vit des frustrations particulières et communes — le prospect de la mastectomie, les chances de retomber malade, le physique qui change, un sein inégal, etc. — à cause du cancer. Ça fait du bien et ça allège le cœur de se faire comprendre réellement. Pour participer aux ateliers en présentiel ou en virtuel, consultez l’horaire ici.
Grâce à la Fondation québécoise du cancer, j’ai non seulement trouvé une communauté de soutien, mais aussi un milieu de vie accueillant et sécuritaire où je peux me ressourcer, m’outiller et me retrouver. Merci pour l’existence de la Fondation et de son équipe qui, depuis 45 ans déjà, épaule des personnes comme moi et leur entourage.
D’ailleurs, je profiterai bientôt des services de massothérapie de la Fondation. Je songe aussi à consulter la sexologue qui m’a été recommandée par une infirmière des Services Info-cancer. Sinon, je parle sans cesse de la Fondation à qui veut m’entendre, car à ma surprise ses services de soutien sont innombrables. Et grâce à eux, je peux mieux faire face à cette dure épreuve.
Donne au suivant
J’y ai aussi retrouvé une passion pour l’art ancestral qui fait un retour en force : la broderie, malgré mes douleurs musculosquelettiques au poignet liées à mes créations artistiques et majoritairement aux traitements. J’ai découvert par mes discussions avec Lucie, art-thérapeute, et par messagerie avec ses participants aux ateliers qu’il y a un très vif intérêt. La Fondation m’a encouragée et m’a permis d’animer un premier atelier de broderie, pour les moins de 40 ans atteints d’un cancer en présentiel, le printemps dernier : on a maintenant une liste d’attente! Je recommencerai l’exercice cet été et cet automne, car donner au suivant me rend plus heureuse et épanouie en le vivant à travers les autres : l’expression de soi, une meilleure estime de soi, le bien-être émotionnel, une meilleure réadaptation, etc.
Enfin, j’ai voulu raconter mon histoire pour sensibiliser et encourager autant les hommes et les femmes à se renseigner davantage sur le cancer, la prévention et le dépistage, même à un jeune âge. En prenant sa santé en main, des vies peuvent être sauvées, comme la mienne. Aujourd’hui à 37 ans, j’envisage une reconstruction mammaire dans un avenir rapproché et je poursuis mes traitements, tout en songeant au recours des autres services gratuits de la Fondation ainsi que du soutien de cette incroyable communauté.
Les points de vue et les expériences exprimés, à travers les histoires personnelles sur notre site Web, sont ceux de témoins et de leurs expériences vécues. Ceux-ci ne reflètent pas nécessairement la position de la Fondation québécoise du cancer. Les informations fournies n’ont pas été examinées médicalement et ne sont pas destinées à remplacer un avis médical professionnel. Demandez toujours conseil à votre équipe de soins lorsque vous envisagez vos plans et objectifs de traitement.